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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 18:54

Je me permets de reproduire ici l'édito prononcé le mercredi 10 novembre 2010 par Audrey Pulvar dans son émission matinale sur France inter


 

 

 

Voyons… 1982 à 1992, 10 ans, 1992 à 2002, 10 ans, 2002 à 2010, 8 ans, 10 puis 10 puis 8. Cela fait bien 28 ans que Mumia Abu-Jamal est emprisonné dans le comté de Pennsylvanie, aux Etats-Unis.

 

Condamné à mort en 1982 pour le meurtre, un an plus tôt, d’un policier. Crime qu’il a toujours nié. En décembre 2001, soit 20 ans après les faits, un tribunal fédéral a annulé sa condamnation à mort, pour la commuer en prison à vie, estimant que des erreurs dans la procédure du prononcé de la sentence rendait son premier procès irrégulier, sans pour autant remettre en cause le principe de sa culpabilité. Annulation de sa condamnation à mort confirmée en 2008, avec impossibilité qu’un nouveau procès soit organisé. Annulation remise en cause par la Pennsylvanie, qui a recu le soutien de la Cour Suprême et demande à une Cour d’appel de prononcer une nouvelle sentence de mort. L’examen de cette requête a débuté hier et la Cour d’Appel de Philadelphie pourrait mettre plusieurs mois à se prononcer.

 

Ce n’est pas la première fois que l’Amérique essaie de se débarrasser de Mumia Abu-Jamal. En 1995 et 1999, c’est l’ampleur de la mobilisation internationale qui avait fait trembler la main du juge et retardé son exécution. Dans le monde entier, ses soutiens demandent la tenue d’un nouveau procès, quand ce n’est pas tout simplement la libération de l’un des plus anciens prisonniers des Etats-Unis, dans l’Amérique de Barack Obama, si si. Les avocats de Mumia Abu-Jamal estiment que la procédure de 1982 était entâchée de racisme et réclament également un nouveau procès, afin de démontrer l’innocence de leur client.

 

Certains voient dans ce cas tellement emblématique une affaire politique : après tout, Mumiah Abu Djamal était un militant des Blacks Panthers et un journaliste indépendant engagé, surnommé « la voix des sans voix », quand il a croisé la route du policier qu’on l’accuse d’avoir tué.

Il était surveillé par le FBI et avait eu plusieurs fois des démêlées avec la police.

 

Aujourd’hui Mumia Abu Jamal a le choix entre la mort en prison et la mort en prison. Soit par un nouveau prononcé de peine de mort, soit par la poursuite de son incarcération, ad vitam.

Qui devient-on ? Comment rester le même, au fond, tout au centre de soi, après 28 ans passés en prison et la perspective de n’en jamais sortir ? Mumia Abu-Jamal a 56 ans. Il lui reste peut-être de très longues années à vivre. 29 000 personnes ont signé une pétition lancée fin janvier et adressée à Barack Obama, des personnalités politiques, culturelles, des grandes voix du siècle se mobilisent depuis des années. En novembre 2002, une pétition de 250 000 signatures avait déjà été remise à la justice de Pennsylvanie. Les villes de Paris et de Bobigny l’ont fait citoyen d’honneur. Des élus français, qui l’ont visité en prison font part de sa combattivité intacte. Il n’y a pas de progrès sans lutte dit-il. L’Amérique aurait déclaré Abu-Jamal, est une immense prison pour la communauté Noire.

 

Hier, alors même que la Cour d’Appel de Philadelphie commençait le ré-examen de la suspension de sa condamnation à mort, les Etats-Unis rejetaient officiellement la demande formulée par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, d’abolir la peine de mort dans la proclamée première démocratie du monde.

 

 

Audrey Pulvar

 


 

 

 

à lire aussi sur le blog :

 

un détenu ne perd que son droit d'aller et venir librement, même Ilitch Ramirez Sanchez

et si on allait faire un tour dans la "Prison Valley"...

la prison peut-elle encore changer un homme ?

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